Abolition de la prostitution : l’Europe proxénète vacille, la France est attendue !
Communiqué de presse du Lobby européen des femmes
[Brussels, 20 septembre 2013] 200 associations européennes demandent à la France de s’engager auprès des personnes prostituées et de mettre fin à l’impunité des prostitueurs.
Alors que l’échec des Etats membres ayant dépénalisé le proxénétisme et réglementé le « travail du sexe » est avéré, plus de 200 associations issues de 27 Etats membres de l’UE, et signataires de l’Appel de Bruxelles « Ensemble pour une Europe libérée de la prostitution », attendent de la France qu’elle se mobilise pour mettre fin à l’impunité des prostitueurs (proxénètes et clients) et faire enfin reculer la prostitution. Une telle législation abolitionniste ne peut être que l’une des conditions indispensables pour atteindre l’égalité femmes-hommes et mettre fin aux violences faites aux femmes.
Le Lobby européen des femmes, initiateur de l’Appel de Bruxelles, et au nom des 200 associations signataires, appelle la France à montrer la voie vers l’égalité en adoptant une politique globale d’abolition du système prostitueur, protégeant les personnes prostituées et mettant fin à l’impunité des clients prostitueurs. Le Parlement européen a reconnu à plusieurs reprises que la prostitution est un obstacle à l’égalité femmes-hommes et une violence. Plusieurs Etats membres se mobilisent également, et sont en voie d’adopter des politiques abolitionnistes, faisant le constat de l’échec des politiques de lutte contre la traite des êtres humains, tant que celles-ci ne s’attaquent pas à l’impunité des proxénètes et des clients prostitueurs, moteurs du fleurissement de l’industrie du sexe en Europe.
Les statistiques européennes révèlent l’ampleur à la fois des violences faites aux femmes et de la traite des êtres humains. Il est temps de condamner toutes les formes de violence, en mettant fin à l’impunité des auteurs, y compris des clients prostitueurs. Et il est temps d’être ambitieux et de se donner les moyens de l’égalité femmes-hommes. La France peut le faire avec une loi abolitionniste du système prostitueurs, il suffit de le vouloir.
Les faits de ces derniers mois :
- • 200 associations abolitionnistes issues de 26 Etats membres de l’UE interpellent les Etats membres au travers de l’Appel de Bruxelles. (Appel de Bruxelles en PJ)
- • Après les Pays-Bas, l’Allemagne : Der Spiegel assomme la politique allemande de dépénalisation du proxénétisme. (Voir ci-dessous + traduction du dossier de Der Spiegel en PJ)
- • La prostitution en elle-même est désormais considérée par le Parlement européen comme une violence et un obstacle à l’égalité. (Voir ci-dessous + liens)
- • Des survivantes témoignent à visage ouvert de la violence de la prostitution, et mettent en évidence son inscription dans le continuum des violences faites aux femmes. (Voir ci-dessous)
- • Les statistiques d’Eurostat et la mobilisation des associations révèlent l’échec d’une politique européenne de lutte contre la traite des êtres humains engluée dans une Europe proxénète. (Voir ci-dessous + liens + lettre ouverte en PJ)
- • A l’image des rapports d’information français de 2011 et 2013, la commission justice du Parlement irlandais publie un rapport conséquent recommandant la pénalisation des clients prostitueurs et la dépénalisation des personnes en situation de prostitution. (Voir ci-dessous + liens)
Allemagne, Pays-Bas : l’échec avéré de la dépénalisation du proxénétisme au service de « l’industrie » et du « travail du sexe ».
Le 26 mai 2013, Der Spiegel publiait un dossier de 10 pages intitulé « L’Allemagne-bordel : comment l’Etat promeut la traite des femmes et la prostitution ». Ce dossier met enfin sous les projecteurs un constat établi depuis plusieurs années par nos associations : la dépénalisation du proxénétisme et la réglementation du « travail du sexe » n’ont servi qu’aux proxénètes et trafiquants internationaux, et non aux personnes prostituées toujours recrutées parmi les plus vulnérables et désormais encore moins protégées face à des « entrepreneurs du sexe » et des « clients » sans scrupules car renforcés par la loi. L’Allemagne rejoint ainsi les Pays-Bas, autre pays libéral-proxénète dont le constat d’échec a déjà été dressé dans la presse nationale française.
Le Parlement européen se mobilise contre la violence et l’obstacle à l’égalité que représente le système prostitueur et interpelle la Commission européenne.
InterpelléEs depuis plusieurs années par les associations de soutien aux personnes prostituées et de lutte contre les violences faites aux femmes, les EurodéputéEs se sont positionnéEs en 2013. Ainsi, le 6 février 2013, le Parlement européen a adopté une résolution incluant la prostitution dans la liste des violences faites aux femmes et des violations des droits humains devant être combattues. La commission « Droits des femmes » du Parlement européen s’est aussi saisie du sujet en lançant un Rapport d’initiative sur « Prostitution, exploitation sexuelle, et leur impact sur l’égalité femmes-hommes ». Enfin, le 5 juin 2013, cinq eurodéputéEs représentant les cinq principaux groupes politiques au Parlement européen ont déposé une question écrite visant à interpeller la Commission européenne sur les liens entre prostitution et traite des êtres humains et sur l’application de la Convention abolitionniste des Nations Unies du 2 décembre 1949.
Des survivantes témoignent à visage ouvert de la violence de la prostitution, et mettent en évidence son inscription dans le continuum des violences faites aux femmes.
Alors que des statistiques européennes montrent que les violences faites aux femmes restent trop élevées en Europe, des survivantes osent lever le voile sur leur expérience et parler de la réalité de la prostitution. Une grande majorité des personnes prostituées ont subi des violences, souvent sexuelles, avant d’entrer dans la prostitution. Les recherches sur les clients prostitueurs montrent que la prostitution renforce une image dégradée des femmes.
Témoignage de Laurence Noëlle : "Un client toutes les quinze minutes pendant huit heures d’affilée, imagine-t-on ce que c’est ?", et de Rosen Hicher : « S’il y avait eu de la prévention, je n’y aurais pas été ».
Lancement en juillet 2013 du réseau de survivantes SPACE International - Survivors of Prostitution-Abuse Calling for Enlightenment.
La commission justice du Parlement irlandais publie un rapport conséquent recommandant la pénalisation des clients prostitueurs et la dépénalisation des personnes en situation de prostitution, seules mesures réalistes pour faire reculer la traite des êtres humains.
Le 27 juin 2013, la commission « justice, égalité et défense » du Parlement irlandais a adopté, après de nombreuses auditions et 800 contributions, un Rapport parlementaire préconisant la pénalisation des clients prostitueurs, la dépénalisation des personnes prostituées et le renforcement de la lutte contre le proxénétisme et la traite des êtres humains y compris sur Internet. Sur le continent européen, la Suède, la Norvège et l’Islande ont déjà adopté avec succès de telles législations.
Le Parlement irlandais a notamment insisté sur le fait que la pénalisation des clients prostitueurs était le seul moyen tangible pour faire reculer la traite des êtres humains à des fins de prostitution. En avril 2013, Eurostat publiait des statistiques révélant l’ampleur de l’échec d’une politique européenne de lutte contre la traite des êtres humains minée par l’incapacité des Etats membres à remettre en cause collectivement l’impunité des proxénètes et des clients prostitueurs. Ainsi, alors que selon l’OIT il y aurait au moins 800 000 victimes de la traite des êtres humains en Europe et que selon Eurostat comme UNODC, 75% de ces victimes seraient exploitées à des fins de prostitution, seules 9000 victimes ont été effectivement recensées par les Etats membres en 2010. Par ailleurs, alors que le nombre de victimes a augmenté de 18% sur les trois dernières années, le nombre de condamnation des auteurs a lui baissé de 13% sur la même période.
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Note to editors:
The European Women’s Lobby (EWL) is the largest umbrella organisation of women’s associations in the European Union (EU), working to promote women’s rights and equality between women and men. EWL membership extends to organisations in all 28 EU Member States and three candidate countries, as well as to 21 European-wide organisations, representing a total of more than 2000 associations.