Égalité femmes-hommes dans le sport : l’Union Européenne n’est pas à la hauteur du défi !
[Article de Annie Sugier, Vice-Présidente de la CLEF, Paris, 27 mai 2014] Ce n’est sans doute pas un hasard si la réunion du Conseil des ministres de l’Union européenne (UE) sur « l’égalité des femmes et des hommes dans le sport » a eu lieu exactement 20 ans après la première conférence internationale de Brighton de mai 1994 sur « les femmes et le sport ».
Rappelons que la conférence de Brighton avait été organisée par les femmes européennes et avait suscité un véritable engouement mondial, mobilisant près de 300 déléguées de 82 pays. Elle déboucha sur une Déclaration en faveur d’une juste place des femmes dans le sport. Ce sera la première d’une longue série dont on peut aujourd’hui mesurer l’échec.
Un des indicateurs révélateurs de cet échec est l’évidente - et constante - sous-médiatisation du sport féminin. En France, la couverture médiatique du sport féminin représente 7 % des émissions sportives ou généralistes, chiffre semblable à celui des autres pays européens dont la moyenne se situe aux alentours de 4 %.
Face à cette situation on ne peut que regretter la frilosité flagrante du Conseil de l’UE qui dans les conclusions de sa réunion de Bruxelles du 20 mai dernier, n’a manifesté aucune véritable volonté d’action, préférant répéter ce qui s’est déjà dit ailleurs.
Alors que depuis le Traité de Lisbonne, l’UE dispose d’une compétence dans le domaine du sport (articles 6 et 165), les conclusions du Conseil mettent l’accent sur le fait que « La législation ne peut à elle seule permettre une véritable égalité entre les femmes et les hommes ». Certes, mais entre « uniquement » et « rien », il y a sans doute une marge d’intervention...
Le Conseil de l’UE insiste également sur les actions qui relèvent des États membres en application du principe de subsidiarité, et des responsabilités qui incombent aux organisations sportives tout en rappelant leur autonomie... Bref, on ne fait pas mieux pour renvoyer la balle aux autres !
Pourquoi un tel manque d’ambition face à un domaine où les inégalité sont abyssales et les enjeux en termes de remise en cause des stéréotypes essentiels ? L’UE fait preuve de bien plus d’agressivité quand il s’agit de dénoncer les matchs truqués, le dopage ou le racisme dans le sport.
Sans doute est-il temps que le mouvement féministe et les réseaux ’femmes et sport’ se donnent la main pour exercer une véritable pression sur les instances européennes.
A celles et ceux qui croient encore à l’efficacité d’une politique des « petits pas », rappelons que l’un des rares sports populaires où les femmes se sont imposées à quasi-égalité de traitement médiatique avec les hommes est le tennis grâce au combat de joueuses mythiques telles que Martina Navratilova, ou Billie Jean King : espérons que personne n’aura oublié le fameux match « battle of the sexes » de 1973 entre Billie et Bobby Riggs.
Annie Sugier,Vice présidente de la CLEF et présidente de la Ligue du Droit International des Femmes