France : Abolir la prostitution pour une sexualité libre et partagée
[Paris, le 8 octobre 2013] La coordination française pour le lobby européen des femmes (CLEF), association membre du LEF, vient de publier un communiqué de presse félicitant les parlementaires de leur volonté d’abolir le système prostitueur au travers d’une loi intégrale. Le CLEF est membre du collectif Abolition 2012, qui rassemble 55 associations de droits des femmes et droits humains, et a publié un communiqué de presse en septembre dernier : “Faire reculer la prostitution en France et engager la société auprès de ses victimes : Le principe est acquis, place à la loi !”. Vous trouverez le communiqué de presse de la CLEF ci-dessous.
Abolir la prostitution pour une sexualité libre et partagée
Communiqué de presse de la CLEF, 7 octobre 2013
La coordination française pour le lobby européen des femmes se félicite de la décision prise par le groupe socialiste de l’Assemblée Nationale de déposer une proposition de loi abolissant le système prostitueur.
Cette proposition de loi fait suite au rapport d’information sur le renforcement de la lutte contre le système prostitutionnel déposé par Maud Olivier et Catherine Coutelle au nom de la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes de l’Assemblée Nationale.
La prostitution résulte de la domination masculine et constitue l’une des pires violences faites aux femmes. 85% des personnes prostituées sont des femmes. A travers l’achat d’un acte sexuel, le client prostitueur impose son désir et méprise la volonté de la femme.
Cette violence envers les personnes prostituées frappe l’ensemble des femmes. Elle véhicule l’idée d’une sexualité tournée avant tout vers le désir des hommes et la satisfaction de « leurs besoins naturels irrépressibles ». Les hommes auraient ainsi une sexualité active («ils pénètrent ») tandis que les femmes sont considérées comme passives. Cette représentation de la sexualité favorise la reproduction du modèle patriarcal.
L’inscription dans la loi de l’interdiction d’achat de services sexuels marque l’engagement de la France dans la lutte contre l’exploitation sexuelle des femmes et la traite des êtres humains. La proposition de loi, en abrogeant le délit de racolage public, inverse la charge pénale, de la personne prostituée, victime de sévices vers le client prostitueur, auteur de violences.
Cette interdiction est complétée par des mesures en faveur de l’accompagnement et de l’insertion des personnes prostituées, rendues psychologiquement et physiquement fragiles par les violences subies.
La démarche française doit permettre une prise de conscience au niveau européen du fait que la prostitution constitue une violence à l’encontre des femmes. Elle doit aussi éclairer les opinions publiques sur l’échec des pays qui ont adopté une position réglementariste et qui ont vu le nombre de personnes prostituées augmenter tout comme les violences envers les femmes.
Le futur vote d’une proposition de loi pour l’abolition du système prostitueur est une mesure à saluer et à encourager et constitue un pas en avant vers une sexualité libre et partagée.