Rapport annuel 2004
Editorial
En tant que Présidente nouvellement élue du Lobby européen des femmes, je suis très fière de vous présenter ce Rapport Annuel
2004. Cette année, comme toujours, nous reconnaissons les difficultés rencontrées,
mais nous célébrons également les réussites des activistes de la cause des femmes, en Europe comme partout dans le monde. J’aimerais remercier chaleureusement
les anciennes membres de l’Exécutif du LEF, en particulier l’ex-Présidente, Lydia la Rivière-Zijdel. Je sais que sa contribution au succès des activités du LEF est reconnue par toutes nos membres et par les nombreuses organisations partenaires, ONG et institutions européennes avec lesquelles nous travaillons. Merci aussi au Secrétariat, qui travaille dur : son engagement et son dévouement sont les garants du renforcement quotidien de l’action du LEF.
L’un des points forts de l’année 2004, et une occasion de célébrer, fut l’arrivée de sept nouvelles coordinations nationales des nouveaux États membres
et de Turquie parmi nos membres. Ces nouvelles organisations membres donnent une énergie et des perspectives nouvelles à notre travail ; ensemble, elles
constituent une force que nous mobiliserons pleinement
dans les années à venir, afin d’entreprendre des actions plus larges et plus rapides en faveur de l’égalité femmes-hommes partout en Europe.
Depuis de nombreuses années, le LEF a privilégié
le travail avec les jeunes femmes, et à ce propos, en 2004, nous avons co-organisé une conférence intitulée« Pouvoir et participation, comment les jeunes femmes en Europe peuvent-elles créer les chaînons manquants ? » Cette conférence a permis de mettre en lumière le fait que les processus politiques
traditionnels doivent être radicalement modifiés
si l’on veut que les jeunes femmes envisagent de s’engager politiquement en tant qu’électrices, sans même parler d’être leaders. À ce propos, la décision
du Premier Ministre espagnol de nommer en avril 2004 autant de femmes que d’hommes au gouvernement a été très encourageante. Toutefois, si nous nous penchons sur les résultats des élections européennes et sur la nomination de la nouvelle Commission européenne, la représentation et la voix des femmes au sein des institutions n’ont pas été renforcées de manière significative.
Le suivi et la contribution aux travaux de la Conférence Intergouvernementale qui préparait le nouveau Traité constitutionnel européen ont occupé le LEF pendant une bonne partie de l’année, tout comme le processus de ratification en cours. Si nous avons constaté avec satisfaction que le Traité entérinait
un certain renforcement du cadre légal pour l’égalité femmes-hommes, nous avons en revanche été déçues de voir que cette occasion sans précédent n’a pas donné lieu à un engagement plus ferme envers
la réalisation de l’égalité entre les femmes et les hommes, en particulier en matière de démocratie paritaire et de lutte contre toutes les formes de violence
envers les femmes.
Plus généralement, les préoccupations quant à une réelle intégration de la dimension de genre dans l’UE sont restées prioritaires. C’est pourquoi nous avons été satisfaites de la publication de notre
rapport sur la budgétisation sensible au genre qui, nous l’espérons, se révélera une ressource utile pour les ONG et les responsables politiques et les aidera à inscrire la budgétisation sensible au genre dans le cadre de la stratégie européenne de gender mainstreaming. En outre, le LEF s’est félicité de l’accord politique final sur la création d’un Institut
européen du genre en juin 2004. Il va de soi que nous comptons évaluer ce projet, tant en termes
d’allocation budgétaire que d’efficacité, lors des travaux concrets d’établissement de l’Institut en 2005/2006.
Le LEF a joué un rôle-moteur dans le travail avec les ONG européennes à l’échelle internationale
depuis la Conférence mondiale sur les femmes de 1995 à Pékin, et a donc commencé en 2004 les préparatifs de la révision décennale de la mise en oeuvre de la Plate-forme d’Action de Pékin de 2005. Le Rapport sur Pékin+10 qu’a rédigé le LEF indique certains progrès au niveau de la mise en oeuvre de Pékin : l’Union européenne a par exemple mis en place une législation très complète concernant
l’égalité femmes-hommes dans le domaine de l’emploi, mais de nombreuses lacunes persistent.
L’un des aspects qui revêtent une importance particulière pour moi dans ce travail au niveau international est le rôle des femmes dans le maintien
de la paix et la résolution des conflits. Je crois qu’il est essentiel que les femmes participent réellement
à la prise de décision en rapport avec la résolution des conflits, ainsi qu’à tous les aspects de la reconstruction et de l’aide humanitaire. L’un des principaux messages du LEF en relation avec les situations de crise, y compris après la catastrophe du Tsunami, est la nécessité de mettre en oeuvre de manière efficace la Résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui exige une participation égale des femmes à la prise de décision en rapport avec la résolution des conflits, l’instauration de la paix et la reconstruction.
Les femmes d’Europe ont des raisons d’être fières
des réalisations de l’Union européenne et de ses États membres en matière d’égalité femmes-hommes.
Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour que toutes les femmes européennes puissent vivre de manière indépendante et en toute sécurité, libérées de la menace de la violence. En 2005, les femmes d’Europe attendent de leurs gouvernements et de l’UE qu’ils tirent des leçons des succès actuels concernant les droits des femmes, et qu’ils mettent en oeuvre intégralement les engagements pris à Pékin
il y a 10 ans. Les femmes d’Europe et du monde attendent aussi de l’UE qu’elle joue un rôle moteur dans tous les domaines de la coopération au développement
et dans tous les accords internationaux, afin de garantir la réalisation complète des droits humains des femmes. En tant que Présidente du LEF, je ferai tout mon possible pour répondre aux attentes des membres du LEF partout en Europe et pour que leur voix soit entendue à tous les niveaux du processus décisionnel européen.
Kirsti Kolthoff
Présidente du Lobby européen des femmes