Représentation démocratique des femmes et des hommes : est-ce trop demander à l’Europe du 21e siècle?
Lettre ouverte aux chefs d’État et de gouvernements avant le Conseil européen des 29-30 Octobre, Bruxelles
Madame, Monsieur,
Nous, représentantes de plus de 2500 organisations de femmes de l’ensemble des 27 Etats membres de l’Union européenne (UE) ainsi que des trois pays candidats à l’UE, rappelons à tous nos représentant-e-s votre devoir démocratique de veiller à ce que les femmes, qui représentent plus de 50% de l’électorat européen, soient représentées aux échelons les plus élevés du pouvoir européen.
Ce sera un grand moment lorsque vous, nos dirigeants élus, rendrez public les nominations pour certains des postes les plus prestigieux et puissants d’Europe. Les 29-30 Octobre, vous discuterez la composition de la nouvelle Commission et des candidats aux «postes clés » de l’UE, à savoir le ou la premier-e président-e du Conseil des ministres et le ou la nouveau-elle chef de la politique étrangère de l’UE. Les personnes que vous choisirez auront le pouvoir de façonner l’avenir de l’Europe, de nos pays et de nos vies personnelles de façon significative. Nous espérons par conséquent que le pouvoir que, citoyennes et citoyens, nous avons placé entre vos mains, sera utilisé à bonne fin, pour nommer des personnes qui nous représentent toutes et tous, et qui travailleront pour le bénéfice de tous, y compris ceux de la moitié d’entre nous qui sommes des femmes. D’ores et déjà le président élu de la nouvelle Commission et le président du nouveau Parlement sont des hommes. Y aura-t-il un équilibre 50/50 entre les femmes et les hommes dans la nouvelle Commission européenne et l’un des quatre «postes clés » de l’UE sera-il attribué à l’autre moitié des citoyens européens?
Chers dirigeants et chères dirigeantes,
L’Union européenne à la tête de laquelle vous êtes aujourd’hui est une Union depuis 1957 attachée aux principes démocratiques fondamentaux de la justice, la diversité et l’égalité, y compris l’égalité entre les femmes et les hommes. Néanmoins, elle reste une Union où prévalent les inégalités entre les sexes et où les femmes sont largement exclues des échelons les plus élevés de la prise de décision. Cinquante années d’engagement n’ont pas eu les résultats attendus, et il est maintenant temps d’agir et de montrer l’exemple.
Près de 350 personnalités ont donné leur appui à la Campagne 50/50 du Lobby européen des femmes pour la démocratie paritaire, dont le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et la Vice Presidente Margot Wallström, les vice-présidentes du Parlement européen (2004-2009) Rodi Kratsa et Diana Wallis, le lauréat du Prix Nobel Orhan Pamuk , le Premier ministre de Belgique, Herman Van Rompuy, le président slovène Danilo Türk, le vice-premier Ministre d’Espagne Fernandez Teresa de la Vega et la vice-première ministre de la Belgique Joëlle Milquet, l’ancienne présidente d’Irlande Mary Robinson et l’ancienne présidente du Parlement européen Simone Veil. Le LEF se réjouit également du fait que 15 femmes politiques européennes de premier plan, de la Commission européenne et du Parlement européen, aient réaffirmé leur engagement à l’égard de la parité le 16 Septembre par l’adoption d’une déclaration appelant à la parité dans la politique européenne. Des milliers de femmes et d’hommes ont également signé la pétition 50/50 du LEF pour la représentation égale des femmes et des hommes dans la prise de décision européenne. Prendre en compte leurs voix et mettre en œuvre un système de représentation égale ne devrait pas être si difficile: le Lobby européen des femmes demande depuis longtemps aux gouvernements d’adopter un système de double nomination, notamment pour la Commission européenne, en proposant à chaque fois une femme et un homme candidats. De cet immense réservoir de talent, nous espérons que les négociations mèneront au choix des représentantes et représentants les plus capables, des représentantes et représentants qui reflètent clairement les besoins et les aspirations de toutes et tous les Européen-ne-s, des représentant-e-s qui vont travailler pour des sociétés justes et égales pour toutes et tous, des représentantes et représentants qui seront en mesure de tenir la tête haute sur la scène mondiale et d’éviter de rougir lorsqu’elles-ils feront la leçon à d’autres sur la scène internationale sur des questions liés aux droits fondamentaux humains.
Chèr-e-s membres du Conseil européen,
Il n’est sans doute pas nécessaire de vous rappeler que votre mandat démocratique n’est pas à prendre à la légère. Nous espérons vivement que vous tiendrez compte de nos demandes légitimes et assumerez vos responsabilités envers tous vos citoyens - hommes et femmes - et lutterez pour leur droit le plus fondamental à une représentation démocratique.
Avec nos meilleures salutations,
Les membres du Conseil d’administration du LEF