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Le combat n’est pas terminé

En Belgique, les choses évoluent, mais notre société est loin d’être parfaite.
Féminisme
A ceux qui disent que les féministes n’ont plus de raison de faire entendre leur voix, Viviane Teitelbaum et Hafida Bachir s’accordent pour répondre que le combat n’est pas terminé. Ces deux femmes sont chacune engagées dans la cause féministe en Belgique, l’une en tant que présidente du Conseil des femmes francophones de Belgique (CFFB) et du Lobby européen des femmes (LEF), l’autre en tant que présidente de Vie féminine.

Le mouvement féministe aujourd’hui est le prolongement de celui défendu au XXe siècle. "Certains droits ont été acquis et c’est une excellente chose. Aujourd’hui, l’enjeu est de maintenir ces droits, de faire en sorte qu’ils soient effectifs et d’en acquérir des nouveaux, notamment dans le domaine socio-économique", explique Hafida Bachir.

On est bien loin aujourd’hui du cliché véhiculé depuis des années. "Les féministes ? Ce sont des hystériques, elles sont contre les hommes, ont les jambes poilues et ne se rasent pas sous les bras ! Non, être féministe, ce n’est pas ça, mais c’est revendiquer quelque chose de juste et le faire calmement, intelligemment", déclare Viviane Teitelbaum qui cherche, à travers le CFFB, à donner une image moderne au mouvement. "Le problème de cette vieille caricature de femmes opposées aux hommes, c’est que cela occulte le vrai combat", ajoute Hafida Bachir.

Travailler avec les hommes

Pour ces deux femmes, il est essentiel de travailler avec les hommes afin de parvenir à un monde égalitaire. Viviane Teitelbaum est très claire à ce sujet. "Ce n’est pas les femmes plus que les hommes. Ce sont les femmes ET les hommes." Quand on sait qu’en Belgique, elles forment la majorité de la population, il est étonnant de constater que les organisations de femmes n’ont presque rien à dire au niveau structurel. "Notre parole n’a pas assez de valeur, elle n’a pas le même statut que celle des partenaires sociaux. Les femmes n’ont rien à dire, ce n’est pas normal", déplore la présidente de Vie féminine.

Là est le principal reproche fait à l’égard de notre pays. En effet, malgré de bonnes avancées, la Belgique peut mieux faire. De nombreuses lois sont entrées en vigueur, telles que la loi Smet-Tobback ou la loi obligeant l’alternance homme-femme sur les listes électorales. Ces décisions permettent de maintenir le mouvement, mais les mesures prises ne sont pas assez fortes, selon Hafida Bachir. "On dilue les problèmes, on en ajoute, sans parvenir à fixer des moyens concrets et adaptés pour y remédier. Trop souvent, les gens estiment qu’on nous a déjà donné assez." Vie féminine exige des solutions pour, notamment, offrir aux femmes le choix de travailler, sans pour autant sacrifier leur vie de famille.

Viviane Teitelbaum décrit le féminisme en trois mots : éducation, lois et mentalités. C’est la combinaison de ces éléments qui peut amener au changement. Il est d’ailleurs important, selon la présidente du CFFB, de sensibiliser les enfants dès la maternelle. Elle encourage la formation des instituteurs afin qu’ils enseignent aux garçons et aux filles à se projeter de la manière dont ils veulent. "Il faut ouvrir le champ des possibles. Dire à une petite fille que son horizon ne s’arrête pas à jouer avec une Barbie."

Petit à petit, les mentalités évoluent dans cette direction, ce qui réjouit la députée libérale. "Les choses avancent. Le féminisme se porte bien dans la mesure où il y a une liberté de paroles et d’actions, il y a des moyens et des structures qui fonctionnent, il y a une volonté d’agir à la fois chez les femmes et les hommes."

Le fond et la forme

En Belgique, les féministes se font entendre de manière discrète, en comparaison avec des mouvements tels que Femen. Ce n’est pas pour autant qu’elles ne partagent pas le même point de vue. "Sur le fond, toutes les féministes sont d’accord. Par contre, sur la forme, certaines femmes sont plus mitigées quant aux moyens qu’elles [Femen] utilisent en termes d’image. Personnellement, ça ne me dérange pas. Maintenant, est-ce nécessaire d’utiliser cette forme-là, je ne suis pas sûre."

En Belgique, les organisations luttent chacune à leur façon. "Il y a une grande variété de féminismes puisque les revendications et les modes d’actions sont différents. C’est ça l’originalité du mouvement", explique Hafida Bachir, en ajoutant que, malgré leurs différences, les associations travaillent parfois ensemble pour donner plus de poids à leur discours.

Le combat des féministes est quotidien. Viviane Teitelbaum et Hafida Bachir insistent : ne pas se reposer sur ses acquis et faire sans cesse entendre sa voix sont les seules manières de mener à un monde plus égalitaire. S. dB (st.)

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