Rencontres féministes européennes ‘Vivre sa vie’ : trois jours de débats pour construire une autre Europe
[Bruxelles, le 1er décembre 2011] ‘Et si les femmes étaient une chance pour l’Europe ?’ : c’est la question qui a guidé tout le programme des Rencontres féministes européennes (RFE), organisées par le Grif, groupe d’initiative féministe, à Saint-Nazaire. Trois jours de débats et de projections de films, les 25, 26 et 27 novembre, ont permis d’aborder des thématiques fondamentales pour les droits des femmes, avec une perspective européenne : avortement, prostitution, violences faites aux femmes, viol, homophobie… Pour chaque débat, les interventions permettaient de faire le point sur la situation en Europe et de réfléchir à la possibilité de construire une autre Europe. En plus de participant-e-s individuels, de nombreuses classes de lycée ont assisté aux débats, comptant jusque 200 personnes dans le public.
Pierrette Pape, Chargée de politiques et Coordinatrice de projets au LEF, était invitée à intervenir dans la table-ronde ‘Prostitution et traite des femmes dans l’Union européenne : quels enjeux de société en Europe ?’. Après avoir présenté les différentes approches législatives en Europe, elle a interpellé la salle en déconstruisant les mythes associés à la prostitution (voir sa présentation PPT ici). Le clip de campagne du LEF ‘Changeons de perspective’ a également été projeté pour lancer le débat sur le rôle des hommes. L’intervention de Martine Costes-Peplinksi, de l’association Metanoya, a permis de situer la question de la prostitution dans l’histoire de la sexualité, montrant que les diverses formes de sexualité humaine sont construites, interprétées, potentiellement manipulées au service de la domination masculine. Typhaine Duch, d’Osez le Féminisme, a ensuite présenté les valeurs fondamentales qui sous-tendent les demandes abolitionnistes du système prostitueur : dignité, non-marchandisation du corps humain, féminisme et égalité. Elle a rappelé Marx : ‘La liberté se trouve au-delà de la nécessité’ et interpellé la salle par rapport à la construction d’un projet de société, au-delà des choix individuels. Louisette Mouezy, bénévole au Mouvement du Nid à Nantes, a enfin présenté le travail de terrain de son association et la réalité de la prostitution.
La journée du samedi 26 était plus particulièrement dédiée aux violences faites aux femmes, et le travail du LEF a pu être présenté lors de deux sessions. En introduction de la table-ronde ‘Focus européen sur la lutte contre les violences faites aux femmes’, Pierrette Pape a donné de nombreuses données sur la magnitude du phénomène en Europe et dans les pays de l’UE, avant de mettre en évidence les défis auxquels sont confrontées les associations de femmes luttant pour une Europe libérée de la violence masculine : invisibilité des violences, banalisation, inégalité entre les pays, impunité des auteurs, attaques conservatrices… Pour plus de détails, lire la prise de position du LEF sur les violences faites aux femmes. Anne Bouillon, avocate, a ensuite présenté les points positifs et négatifs de l’ordonnance de protection judiciaire créée l’année dernière en France. Maria Cornaz, avocate, a donné un aperçu du contenu de la loi espagnole luttant contre la violence de genre, et Nieves Tamés a présenté le travail de son association, l’Association des Jeunes Femmes d’Asturie.
Le panel ‘Politiques publiques européennes, de la Charte européenne des droits des femmes au niveau local à la Clause de l’Européenne la plus favorisée : comment construire une Europe des droits des femmes’ a permis de présenter les deux initiatives citées ci-dessus (par Violaine Lucas, co-auteur de la Clause, et Dominique Trichet-Allaire, conseillère municipale de Nantes), mais aussi de faire le point sur la situation en Europe, au niveau des institutions de l’Union européenne et du Conseil de l’Europe. Le LEF a résumé la situation dans son briefing sur les violences faites aux femmes en Europe, que vous pouvez lire ici. L’ensemble des intervenantes a conclu à l’importance de rappeler leurs engagements à toutes les institutions publiques, à tous les niveaux, du local à l’international, pour garantir la réelle mise en œuvre des droits des femmes et de politiques de lutte contre les violences masculines.
Cliquez ici pour lire le programme des débats et des films européennes.
Quelques morceaux choisis des diverses interventions des RFE :
‘Quel est le tabou derrière le viol ? C’est qu’il est interdit d’accuser les hommes de violences, d’accuser les dominants de dominer !’ – Marie-France Casalis, féministe, CFCV – Collectif français contre le viol
‘Le système agresseur fait porter la honte sur les victimes de violence’ – Marie-France Casalis, féministe, CFCV – Collectif français contre le viol
‘La liberté sexuelle, c’est le droit de disposer de son corps, pas du corps d’autrui’ – Typhaine Duch, Osez le Féminisme
‘La sexualité est le lieu central de la domination masculine’ – Martine Leroy, Planning Familial, France
‘Aujourd’hui en France, chaque année, un quart des IVG se pratiquent dans seulement 43 établissements, ce qui fait environ 2000 IVG par établissement’ – Martine Leroy, Planning Familial, France
‘La prostitution, ce n’est pas le plus vieux métier du monde, c’est le plus vieux droit de l’homme !’ – Typhaine Duch, Osez le Féminisme
‘Il existe toujours un seuil de violence tolérable pour les juges. En outre, ils créent une violence institutionnelle quand ils ne considèrent pas valides les preuves apportées par des femmes victimes de violence conjugale’ – Anne Bouillon, avocate