Les femmes, la crise financière et économique (septembre 2009)
Septembre 2009
Le Lobby européen des femmes (LEF), la plus grande coalition d’organisations de femmes dans l’Union européenne (UE), demande aux décideurs politiques à tous les niveaux de décision de reconnaître le rôle des femmes dans la mise en place d’un cadre post-crise qui, un an après l’effondrement des marchés financiers, continue d’ignorer l’impact de genre de la crise sur la vie réelle des femmes et des hommes.
- statement financial crisis FR 10 09 09
La crise initiale et des plans de relance qui ont suivi tant au niveau européen, qu’au niveau national et international (G20) n’ont pas réussi à reconnaître, à comprendre, à analyser et à remédier à l’impact sexospécifique de la crise. Continuer à occulter cet impact tout en déniant aux femmes la possibilité de participer aux solutions de sortie de crise aura des effets négatifs sur les conditions de vie des femmes, des hommes, des filles et des garçons ainsi que sur notre cadre de vie commun.
L’égalité entre les femmes et les hommes est l’un des objectifs de l’UE confirmé dans les traités et doit donc faire partie intégrante des plans de lance européen, nationaux et internationale ainsi que dans la transition vers une société de post-crise bâtie sur un projet et une vision globale à long terme.
La crise financière et économique est sexuée dans ses caractéristiques et dans ses effets. La crise mondiale se répercute également sur les femmes dans d’autres régions du monde, avec des conséquences sur les économies qui sont dépendantes du travail et des revenus des femmes, y compris de l’envoi de fonds. Pour l’ensemble des milliers de femmes dans 30 pays européens représentées dans le LEF, il est essentiel que les responsables politiques prennent acte de ces réalités en vue d’assurer une prise de conscience informée et d’élaborer de politiques adaptées qui associent les femmes dans les réponses apportées tant dans les plans de relance que dans les phases de transition qui s’ensuivent.
Cette crise économique actuelle est différente des récessions précédentes. Les femmes sont étrangères à son origine mais menacées de façon différente que les hommes d’en subir de manière disproportionnée les effets qui remettent en cause les principes et valeurs du modèle social européen. En effet, la Commission européenne, dans son rapport de 2009 sur l’égalité entre les femmes et les hommes, affirme que: "le ralentissement économique est susceptible d’affecter davantage de femmes que d’hommes." Comprendre et agir sur l’aspect sexospécifique de l’impact de la crise, dans toutes ses dimensions, représente un défi pour les décideurs politiques européens et nationaux. Sans une réelle prise en compte des ces effets, il ne pourra y avoir une sortie durable. Les femmes constituent une composante essentielle des solutions à la sortie de crise.
Contrairement aux périodes antérieures de ralentissement économique, aujourd’hui les femmes représentent à elles seules la plus grande force de croissance économique de la planète. Ceci n’est pas une observation arbitraire, mais celle du magazine renommé The Economist, pour lequel les femmes ont contribué à l’expansion économique plus que les nouvelles technologies ou les marchés émergeants de la Chine et de l’Inde combinés. Représentées sur le marché de travail en nombre sans précédent les femmes contribuent aux revenus des ménages plus qu’auparavant. Leur intégration sur le marché de travail aura non seulement un impact direct sur les femmes elles-mêmes, mais aura un effet non négligeable sur les revenus des ménages. Mais surtout la situation des femmes, antérieurement à la récession n’était pas égalitaire avec celle des hommes. L’emploi des femmes reste caractérisé par la ségrégation femmes-hommes par secteur de travail, les écarts salariaux, le taux élevé de travail à temps partiel et la concentration dans les secteurs de l’économie dit informels, moins rémunérateurs et moins protégés par la sécurité sociale. Dans de telles circonstances, il n’est pas étonnant que les femmes se trouvent dans une situation moins avantageuse pour affronter la crise.
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