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La notion d’ « aidants sexuels » : une mauvaise réponse à un vrai problème

[Paris, 17 janvier 2010] Dans ce communiqué de presse, la Coordination française pour le Lobby Européen des Femmes (CLEF) dénonce toute reconnaissance éventuelle d’un statut
d’ « accompagnant sexuel » et soutient la position de « Femmes pour le
dire, Femmes pour agir », association de femmes handicapées, membre
de notre Coordination. Cette prise de position s’ inscrit dans notre
démarche abolitionniste de la prostitution.

La CLEF dénonce toute reconnaissance éventuelle d’un statut
d’« accompagnant sexuel »
et soutient la position de « Femmes pour le
dire, Femmes pour agir », association de femmes handicapées, membre
de notre Coordination. Cette prise de position s’ inscrit dans notre
démarche abolitionniste de la prostitution.

La société prend enfin conscience de la sexualité et de la vie affective des
personnes handicapées et nous nous en réjouissons.

Mais la notion d’ « aidants sexuels » est une mauvaise réponse à un vrai
problème : celui des personnes lourdement handicapées qui veulent vivre leur
sexualité d’hommes et de femmes dans l’authenticité, et la dignité et pouvoir
créer une relation amoureuse. Poser comme principe qu’il y a une sexualité
spécifique des personnes handicapées qui réclame une réponse spécifique est
une erreur et conduit – une fois de plus – à la ghettoïsation du handicap.
Le raisonnement selon lequel, « puisque ça se fait ailleurs, ça doit se faire chez
nous » est un faux syllogisme.

Le recours à des « aidants sexuels » formés et rémunérés pose
fondamentalement la question de la prostitution comme réponse à de soi-disant
« besoins ». On sait que la demande est essentiellement masculine et que la
réponse serait essentiellement féminine. Mais même s’il s’agit d’aidants
masculins, le problème demeure : celui de la marchandisation du corps, de la
femme ou de l’homme. Il ne peut justifier un « ajustement » des lois sur le
proxénétisme, alors que la France est engagée dans la lutte contre les violences
faites aux femmes et le trafic des êtres humains.

Ce qui manque ici, c’est une réflexion approfondie sur ce qu’est la sexualité
humaine dont fait partie la sexualité des personnes lourdement handicapées,
différente seulement dans ses modes de réalisation ou d’expression, ainsi qu’une
recherche intelligente et ouverte sur l’accessibilité des personnes lourdement
handicapées à une sexualité épanouie.

En aucun cas la prostitution, quel que soit son habillage, ne peut constituer une
réponse. La réponse n’est pas plus dans l’enfermement des personnes
handicapées dans l’attente d’une « prestation » supplémentaire, mais dans
l’ouverture de l’environnement en termes de réelle accessibilité, pour permettre
la multiplication des opportunités de rencontres, comme par exemple les lieux
de loisirs.

Ce questionnement interpelle toute la société sur la sexualité : comment
préparer les enfants et les jeunes à des relations sexuelles dans le respect de
leur propre corps et de celui de l’autre, à les informer des différences, quelle est
la place de la sexualité dans une société de consommation et d’urgence,
l’équilibre à assurer entre liberté individuelle et contraintes sociales ?

Maudy Piot, présidente de FDFA

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