Viviane Teitelbaum s’inquiète des attaques contre les droits reproductifs et sexuels des femmes en Europe
Publié dans Alter Échos, le 23 avril 2014
[Bruxelles, le 28 avril 2014] Le 23 avril 2014, Viviane Teitelbaum, présidente du Lobby Européen des Femmes (LEF), participait à l’émission belge Panik sur la ville, sur le droit des femmes à mettre fin à une grossesse non désirée en Belgique et en Europe. Obtenu de haute lutte, ce droit est aujourd’hui menacé dans de nombreux pays, soulignant une fois de plus la fragilité des droits de femmes et la nécessité de lutter pour les maintenir.
Viviane Teitelbaum le rappelle, le mois de décembre a été un « mois noir concernant les droits de femmes ».
Le 10 décembre 2013, le rapport Estrela sur « la santé et les droits sexuels et génésiques » a été rejeté à sept voix près. Le rapport, qui recommandait notamment aux pays membres de l’Union Européenne d’assurer l’accès de toutes et tous a l’éducation sexuelle et affective, aux moyens de contraception et à l’avortement sûr, avait fait l’objet d’une campagne massive de désinformation de la part d’organisations européenne conservatrices.
Dix jours plus tard, le 20 décembre 2013, le Conseil des Ministres espagnol votait un texte condamnant le droit à l’avortement sauf exceptions très restreintes (en cas de viol déclaré, ou si la santé physique ou mentale de la femme est en sérieux danger.) Viviane Teitelbaum a souligné que le Lobby Européen des Femmes s’était mobilisé pour éviter que ce projet devienne loi, lors d’une Semaine Européenne d’Action pour soutenir les femmes en Espagne et le droit à l’avortement en Europe. Des manifestations de solidarité ont été organisées, notamment à Bruxelles et à Paris, de concert avec la grande manifestation espagnole du 1er février 2014. Les coordinations nationales du LEF ont également été incitées à organiser leurs propres manifestations, à contacter leurs politiciens, à envoyer des lettres, et à exprimer leur soutien et leur inquiétude face à ces préoccupantes remises en question des droits des femmes en Europe.
Eclaircissant ce tableau sombre, le Parlement français a supprimé la notion de détresse dans les conditions nécessaires d’obtention de l’avortement le 21 Janvier 2014.
Viviane Teitelbaum évoque enfin l’initiative citoyenne Européenne « One of Us », dernière attaque en date contre le droit des femmes de choisir d’être mère ou non.
Cette initiative, qui a été entendue en audition au Parlement Européen le 10 avril 2014, demande à l’Union Européenne de cesser le financement de la recherche sur les cellules souches issues d’embryons humains, ainsi que le financement direct ou indirect de l’avortement dans les pays en développement, mettant en danger les organisations assurant la protection de la santé maternelle. Derrière ces deux grandes demandes, un objectif : imposer une définition conservatrice de l’embryon pour criminaliser l’avortement en Europe et dans le monde. Selon les initiateurs, le droit à l’avortement et à la contraception ont « pour effet de casser la famille, cellule de base de toute société ». L’inspiration religieuse et conservatrice de leur mouvement est évidente, tout comme leur volonté de nier les droits sexuels et reproductifs des femmes.
Viviane Teitelbaum s’est montrée très concernée par ce qu’elle qualifie d’un « retour au Moyen-âge », et d’une « chasse aux sorcières ».
Vous pouvez écouter l’émission complète ici.