[Communiqué de presse de la Coordination française pour le Lobby européen des femmes, Lille, le 29 avril 2014] À Lille, dans le métro, mardi 22 avril au soir, une jeune femme a été abordée par un homme, menacée, insultée, agressée sexuellement et poursuivie, dans l’indifférence totale de huit témoins directs de la scène. Les images de vidéo surveillance en témoignent. Son calvaire durera une trentaine de minutes avant qu’un automobiliste (courageux, saluons-le !) porte enfin secours à la jeune femme. L’agresseur, finalement arrêté, a été condamné en comparution immédiate à 18 mois de prison ferme.
À Paris, cette même nuit-là, une jeune touriste canadienne déclare avoir été violée par quate policiers dans les locaux du « mythique » quai des Orfèvres, à l’étage de la BRI (Brigade de Recherche et d’Intervention). Deux des policiers sont mis en examen sous contrôle judiciaire, un troisième placé sous le statut de témoin assisté et le quatrième mis hors de cause.
Certes, il faut évidemment attendre les résultats de l’enquête dans l’affaire du Quai des Orfèvres, ainsi que les suites données à la question des potentielles poursuites pour non-assistance à personne en danger des “témoins passifs” de Lille. Cependant, on peut dès à présent prendre acte du fait que ces évènements ont été traités par la justice et les médias comme de véritables faits de société.
Les violences sexuelles dont sont victimes majoritairement les femmes sont un véritable fléau social : la France ne fait pas exception dans l’Union européenne, où 3,7 millions de femmes ont été victimes de violences sexuelles au cours des 12 derniers mois.
Il est essentiel non seulement que la France et tous les autres États ratifient rapidement la Convention du Conseil de l’Europe d’Istanbul (Prévention et Lutte contre les Violences à l’égard des femmes), mais surtout qu’ils aient la volonté politique de la mettre en œuvre.
Enfin, parallèlement à une prise de conscience des médias et des pouvoirs publics de la gravité du crime de viol, il est impératif de se questionner sur la direction empruntée par une société dont l’individualisme exacerbé peut mener huit personnes à assister sans la moindre réaction à la détresse d’une jeune femme agressée sexuellement sous leurs yeux.
